Intégrée avec sensibilité dans un environnement composé de petits espaces

L’apparence agréable et à l’échelle de cet espace libre est essentiellement déterminée par la qualité architecturale de la salle polyvalente. D’une part, elle s’ouvre de manière engageante avec un foyer vitré et un avant-toit dépassant largement sur la place. D’autre part, elle s’intègre avec sensibilité dans l’environnement composé de petits espaces, grâce au volume subtilement échelonné en hauteur. Cependant, le matériau de construction bois joue également un rôle majeur. Par exemple, les façades sont divisées en bandes horizontales par du bois de sapin huilé et traité en autoclave, les dites bandes étant engrenées les unes dans les autres avec de fines barres de bois verticales, de telle manière que des surfaces aussi paisibles que délicatement tourmentées voient le jour. S’ajoute à cela le fait que la façade n’est pas le seul élément à se composer quasi-totalement de bois : l’intégralité de la structure porteuse, au-dessus d’un sous-sol en béton, et les surfaces structurant l’espace également.

Composition d’espace en bois de hêtre et BauBuche

Le fait que tout tourne autour du matériau de construction bois dans le cadre de ce projet ne réside pas uniquement dans sa durabilité ou dans le fait qu’il permette des processus de construction rapides, ainsi que des structures légères et simples en termes de physique du bâtiment. Par conséquent, son utilisation était avant tout plutôt évidente dès le début, car le projet découle d’un concours portant sur l’ensemble des prestations, remporté par l’entreprise de construction en bois schaerholzbau, en qualité d’entrepreneur total, associée à hummburkart architekten et au paysagiste Christoph Wey. L’objectif de la procédure récompensée par la commune était de réaliser une salle polyvalente de plain-pied divisible en deux moitiés égales et adaptée à la pratique des sports scolaires, avec une scène et une tribune pour le public, ainsi qu’une petite salle paroissiale séparée. La salle de dimensions sur plan prédéfinies devait présenter une hauteur sous plafond de 8 m au minimum et ne pas dépasser une hauteur maximale de bâtiment de 11 m. En conséquence, une hauteur totale de 3 m était à disposition pour la structure du toit, une valeur qui doit absolument être considérée comme un défi en regard de la portée de près de 32 m.

Il n’était donc pas question d’utiliser des fermes massives en lamellé-collé pour la charpente, ne serait-ce que parce qu’elles auraient contrarié l’idée d’une « couronne de toit » légère. Le vitrage vertical sur toutes les faces, sous la toiture, donne, d’une part, une visibilité au volume de construction de la salle en elle-même depuis l’extérieur. D’autre part, il assure un éclairage optimal et procure l’impression d’une toiture flottant avec élégance. Et c’est ainsi que les architectes et l’entreprise de construction en bois ont conçu dès la phase du concours une poutre en treillis en bois, qui ne pouvait que se composer de BauBuche pour cette faible hauteur et cette légèreté visuelle. Ensuite, ils ont également opté pour du bois de hêtre comme matériau déterminant pour les habillages muraux et la tribune du public, s’inscrivant dans l’esprit d’un espace intérieur à l’agencement homogène. Afin d’insister sur cette idée dans le cadre du concours, le projet est entré en lice sous le nom de Fagus, l’appellation botanique du hêtre.

Poutres en treillis filiformes en BauBuche et tirants en acier

Les dix poutres en treillis en BauBuche ont été entièrement préfabriquées dans les locaux de l’entreprise de construction en bois, puis elles ont été amenées sur le chantier en une seule journée avec des transporteurs spéciaux et soulevées avec une grue mobile. Dans ce contexte, les éléments de construction des poutres en treillis majoritairement soumis à la pression et à la flexion ont été réalisés en bois : les membrures comprimées diagonales, ainsi que les membrures supérieures et inférieures. Ces dernières ont la particularité de se composer de BauBuche Q, un lamibois de hêtre qui dispose, outre de couches de placage parallèles aux fibres, de plus de 15 pour cent environ de plis transversaux, grâce auxquels les éléments de construction sont plus robustes et plus résistants au gauchissement. Des barres en acier minces font office de membrures tendues verticales. Elles permettent de déterminer la trajectoire des forces dans le treillis et contribuent en outre à éviter des sollicitations en traction défavorables dans les éléments de construction en bois. En parallèle, elles permettent aux poutres de paraître nettement plus filiformes que des poutres en treillis avec des membrures comprimées et tendues de section identique. Grâce à la résistance à la pression élevée du BauBuche, ces tirants peuvent aisément être enfoncés dans les membrures supérieures et inférieures pré-percées, sans éléments de répartition de charge supplémentaires, puis être vissés sur des contre-plaques affleurantes.

De la menuiserie à la place d’éléments de montage en acier

L’objectif des concepteurs était d’utiliser le moins possible d’éléments de construction en acier afin d’économiser des coûts, mais également d’obtenir une qualité visuelle élevée. Ainsi, des tôles fendues, des plaques en acier et des broches ont en effet uniquement été utilisées là où elles étaient incontournables : au niveau des joints centraux des membrures supérieures et inférieures en BauBuche en deux parties, ainsi qu’au niveau des points d’appui des cloisons en bois réalisées comme des cloisons à ossature. Les étais étroits, mesurant 24 x 20 cm au niveau du bord et 24 x 16 cm au milieu, au contraire, ont été montés avec un double embrèvement à la manière d’une charpente et seulement fixés avec des vis. Cela crée non seulement un aspect artisanal élégant, mais cela permet également d’économiser du poids, ce qui permet à son tour d’obtenir des sections plus gracieuses de manière générale. La disposition des poutres en treillis en forme de toit en vision latérale produit également le même résultat. Le fait que les poutres se trouvent à 2,64 m de haut au centre et à 2,11 m au bord n’est quasiment pas perceptible dans la salle, mais cela contribue largement à éviter des structures auxiliaires, et donc des charges inutiles.

Grâce à une approche globale et à une intuition caractérisée des architectes et de l’entreprise de construction en bois pour des détails tout aussi sensés, qu’économiques et esthétiques, la salle polyvalente de Hausen est un bâtiment dans lequel l’ensemble a sans nul doute bien plus de valeur que la somme des éléments individuels.

_{-Text by Roland Pawlitschko-}