La ville norvégienne de Stavanger accueille depuis fin 2019 l’un des plus grands immeubles de bureaux en bois d’Europe du Nord. Le nouveau bâtiment de la SpareBank locale a été baptisé « Finansparken ». Pour cette banque pouvant atteindre sept étages, le BauBuche a apporté une solution partout où des charges particulièrement importantes devaient être absorbées.
SpareBank 1 SR-Bank, Stavanger, NO
Novembre 2019
Helen & Hard AS, Stavanger, NO
SAAHA, Oslo, NO
Moelven Limtre AS, Moelv, NO
Degree of Freedom AS, Oslo, NO
Création Holz AG, Herisau, CH
Structure porteuse: 410 m3 BauBuche
Revêtement de sol: 3500 m2 BauBuche Boden
Sindre Ellingsen // Moelven Limtre // Helen & Hard-SAAHA
Pollmeier, D-99831 Amt Creuzburg
Avec son nouveau siège social du Bjergsted Financial Park, la banque norvégienne SpareBank a donné vie à Stavanger à une architecture d’exception en bois et en verre. L’immeuble en bois triangulaire occupe une position centrale, entre le centre-ville de Stavanger et le Bjergsted Park situé sur le port. Il remplit un terrain triangulaire entre deux rues se rejoignant en pointe et il est aménagé de façon échelonnée dans la hauteur : au niveau de la pointe située au nord, et orientée en direction du parc, le corps du bâtiment forme le point culminant avec sept étages et baisse sur la longueur de 83 m et 97 m jusqu’à quatre étages. Il se compose de deux ailes qui se déploient comme un A. Au milieu, se trouve le cœur de l’ensemble : un atrium couvert d’un plafond de verre avec un escalier en bois sculptural.
En 2014, le bureau Helen& Hard a remporté, en association avec l’agence d’architecture SAHAA, le concours pour le nouveau siège social de la banque SR, le deuxième plus gros groupe bancaire de Norvège. En raison du scepticisme initial du maître d’œuvre à l’égard du bois pour un projet d’une telle envergure, les concepteurs ont recueilli des conseils auprès du génial Hermann Blumer de l’équipe d’ingénieurs Création Holz de Herisau, Suisse. Il a proposé un concept de squelette en bois avec des piliers et des poutres de formes spéciales et s’est assuré de la faisabilité par des vérifications préstatiques. Lors du travail de persuasion qui a suivi, les aspects de durabilité et de santé ont été mentionnés comme des avantages, ainsi qu’une qualité de séjour élevée pour les employés, mais un comparatif de coûts entre du bois et une construction mixte à base d’acier et de béton a également été présenté comme aide à la décision.
Les doutes du donneur d’ordre ne se sont toutefois changés en confiance et en enthousiasme qu’au moment où un modèle à l’échelle 1:1, à savoir un mock-up, a été réalisé. Il a permis d’avoir une impression de l’espace et de vérifier différents aspects de la construction. Afin d’exploiter les atouts d’un bâtiment en bois mentionnés, mais également de réduire les déchets et de réduire la durée de construction, le maître d’ouvrage a même accepté les coûts supplémentaires pour un bâtiment en bois de 1,4 pour cent par rapport à une variante acier / béton.
Le bureau d’ingénieurs « Degree of Freedom » a élaboré, d’une part, la partie en béton armée du bâtiment (l’intégralité du bâtiment administratif repose sur une construction en béton armé à trois étages partiellement enterrée) et, d’autre part, la statique détaillée pour la construction en bois associée à la traduction des documents pour la planification de l’ouvrage. Création Holz a apporté l’aide nécessaire à cet effet. La structure porteuse à la surface se compose essentiellement d’une ossature en bois avec des piliers et des poutres de franchissement en BauBuche pour les deux niveaux inférieurs, ou en lamellé pour les étages supérieurs, ainsi que de plafonds en contreplaqué. Piliers et poutres sont positionnés en diagonale par rapport au tracé des rues sur une trame de structure porteuse de 5,40 m.
Dans ce cadre, les piliers en lamellé dotés de sections de 38 cm x 50 cm sont fabriqués en continu jusqu’à la toiture à partir du troisième étage. Ils mesurent 23 m de haut au maximum, à savoir là où ils mènent jusqu’au septième niveau. Les poutres en lamellé reliées aux piliers des deux côtés s’étirent également en continu sur toute la largeur du bâtiment. Ajustées aux évidements des piliers, elles sont imbriquées dans les points d’intersection par le biais d’un assemblage à recouvrement et reliées à l’aide de chevilles BauBuche extrêmement résistantes. Dotées d’un diamètre de 8 cm, elles absorbent les forces axiales et les efforts de cisaillement, ainsi que les moments. La déformation organique caractéristique développée par Hermann Blumer des poutres et des nœuds avec les chevilles BauBuche visibles était auparavant inconnue en Scandinavie. Outre leur fonction porteuse, elles forment également un symbole créatif de l’établissement bancaire.
Le renfort du bâtiment est assuré par quatre noyaux centraux en béton armé, les plaques de plafond en contreplaqué de 20 cm d’épaisseur, ainsi que par le biais des poutres garde-corps périphériques de 92 cm de haut et 16 cm de large en BauBuche. Ces derniers relient les piliers et les poutres à la manière d’axes, en formant des châssis, à l’instar de poutres circulaires et renforcent en outre les plafonds au niveau des faces avant. De plus, ils supportent le vitrage de façade. Même les saillies au niveau des faces nord et sud du bâtiment ont pu être réalisées en premier lieu à l’aide des poutres garde-corps. Elles absorbent les forces de traction et de compression générées par les charges de vent et les transmettent dans les tours en béton par l’intermédiaire des plaques de plafond. Afin de conférer aux plafonds la rigidité nécessaire dans ces zones saillantes, les poutres garde-corps sont également reliées aux étaiements verticaux en BauBuche à tous les niveaux. La rigidité des nœuds de liaison dotés de chevilles BauBuche contribue également au renfort global.
BauBuche a généralement été utilisé partout où des charges particulièrement élevées devaient être absorbées. Ce fut notamment le cas pour les piliers et les poutres au rez-de-chaussée et au premier étage, car les concepteurs ont rapproché les piliers des façades est et ouest vers l’intérieur à environ 2,23 m à partir du niveau de la façade. Le décrochement assure des charges de saillie élevées sur les poutres au-dessus du premier étage et, en conséquence, des charges élevées en conséquence sur les piliers et les poutres placés en dessous. En outre, côté est, au niveau de l’entrée du bâtiment, la volonté était de créer un espace caractéristique et de réduire le nombre de piliers dans cet espace haut de deux étages, à savoir de supprimer les piliers centraux présents dans les étages du dessus. Au deuxième étage, cela a nécessité une structure de transfert pour dévier les charges ponctuelles provenant du haut sur le reste de la structure situé en dessous. Les poutres et les piliers du rez-de-chaussée et du premier étage devaient absorber des charges élevées en conséquence. Pour ces poutres de 24 cm dotées de portées pouvant atteindre 9 m, les ingénieurs en construction bois ont employé du BauBuche ultra-résistant, plus précisément du BauBuche Q avec des couches de placage collées en diagonale, dans le but de pouvoir absorber des forces de compression plus élevées transversalement aux fibres. Pour les piliers de 48 cm de large, 80 cm de profondeur et jusqu’à 7,50 m de haut, ils ont en revanche opté pour du BauBuche S avec des couches de placage à collage parallèle. Dans les étages du dessus, les poutres de franchissement sont avant tout fabriquées en lamellé d’épicéa. Dans ce cadre, chacune de ces poutres de 38 cm de large se compose de trois parties : une poutrelle extérieure de 19 cm de large, d’une plaque insert en BauBuche de 6 cm ou 8 cm d’épaisseur (h = 54 cm) pour le renforcement et d’une autre poutrelle de 11 cm ou 13 cm de large et de 54 cm de haut, qui prend toutefois fin avant le pilier et qui représente une sorte de poutrelle de remplissage entre les véritables poutres de franchissement qui sont reliées latéralement aux piliers. Les plaques en BauBuche servent à augmenter la résistance au cisaillement des poutres, ainsi qu’à améliorer la résistance à la compression perpendiculairement aux fibres dans la zone des surfaces d’appui, c’est-à-dire l’imbrication avec les piliers. Les poutrelles extérieures en lamellé sont exécutées avec une hauteur variable afin de s’adapter aux exigences statiques et esthétiques. En effet, toutes les poutres sont formées en fonction de la courbe des force et/ou des moments. Leur hauteur la plus élevée se situe au niveau des points d’appui, tandis qu’elle est la plus faible en milieu de travée. Lors de la pré-fabrication, les poutres ont également été dotées d’orifices pour les câbles et les conduites.
L’intégralité de la construction en bois a été conçue conformément aux exigences strictes du REI90 en matière de protection anti-incendie, dimensionnée par le biais du dimensionnement à chaud « à partir de la combustion » (Plus d’informations : Piliers en BauBuche – Prévisibles en cas d’incendie) et développée conjointement avec la façade vitrée.
En outre, la structure en bois de l’escalier principal galbé, faisant office de pièce maîtresse de la banque, a représenté une prouesse de construction particulière. Telle une sculpture spatiale, elle grimpe en hauteur étage après étage. Certes, le BauBuche n’a pas été utilisé pour la structure porteuse de l’escalier, mais le matériau en bois de hêtre a servi pour l’aménagement intérieur pour des raisons de design, d’une part comme revêtement de sol particulièrement résistant pour l’escalier et, d’autre part, comme parquet dans de nombreuses zones de l’espace de communication.
-Text by Susanne Jacob-Freitag-
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